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SAINT BÉNÉZET ET LE PONT D’AVIGNON

Lorsque l’on évoque la ville d’Avignon, la première image qui vient à l’esprit, avant même la Palais des Papes, est celle du pont d’Avignon rendu célèbre par la chanson : « Sur le pont d’Avignon l’on y danse tout en rond ». Cette chanson, remonte au XVème siècle et faisait partie des nombreuses chansons populaires appelées « chansons des oreillers » qui accompagnaient les mariages.

    Ce texte avec sa mélodie actuelle sera immortalisé par Adolphe Adam, en 1853, dans son opérette : « Le sourd ou l’Auberge pleine ». A cette époque les Avignonnais ne dansaient pas sur le pont, vu son étroitesse, mais sous le pont. Les îles du Rhône formant un lieu de détente privilégié.
                                      Ci-contre la partition de la celèbre chanson >



Gravure de Martellange  XVII Siècle

Par contre ce qui est moins connu, c’est l’origine du pont !


Selon la tradition, la construction du pont d’Avignon aurait débuté en 1177 à l’instigation d’un certain Bénézet qui d’après les documents de l’époque était désigné : « Frère Bénézet, Frater Bénédictus, promoteur et ministre de l’oeuvre du pont ». Le pont sera terminé en 1185 soit un an après la mort de Bénézet décédé le 11 avril 1184. Quelques années plus tard, en novembre 1202, on le retrouve sous le vocable de saint Bénézet (Béatus Bénédictus), c’est alors que se forme sa légende.


Si l’on en croit les petits Bollandistes, c’est en l’année 1165, que vint au monde, à Hermillon, près de Saint-Jean-de-Maurienne en Savoie, un enfant nommé Benoît. La population le surnomme Bénézet (petit Benoît). Issu d’une pauvre famille de bergers, ses parents lui apprennent très jeune à aimer Dieu. Il perd son père enfant et devient à son tour berger.


       Mais, depuis de nombreuses années Hermillon en Savoie et Le Villard, commune de Burzet en Vivarais se disputent l’honneur d’avoir enfanté saint Bénézet. Actuellement en se référant à la charte avignonnaise on semble être d’accord pour reconnaître à Burzet (Ardèche) cette prérogative. C’est surtout au XVIII ème siècle que le culte de saint Bénézet s’est répandu dans le Vivarais puisque la chapelle du Villard (commune de Burzet) a été construite en 1727-1728 et que Mgr François Renaud-de-Villeneuve promulgue en 1737 le « propre du diocèse de Viviers » ou la fête de saint Bénézet figure au 14 avril, alors qu’elle était fixée à cette même date à Avignon depuis 1331 dans le propre de l’église Saint-Agricol. Le tableau, qui se trouve dans la chapelle, représentant le saint date de 1729 et a été offert par l’évêque de Viviers et c’est en 1849 que Mgr Guibert archevêque d’Avignon offrit au diocèse de Viviers des reliques de saint Bénézet qui se trouvent à Burzet ainsi qu’au grand séminaire et à la cathédrale de Viviers.



Statue en bois du XVIII° siècle
à la paroisse de Burzet


Statue en bois doré de Bénézet portant la pierre, à Notre Dame des Doms

Reliquaire de St Bénézet donné à Burzet  par l'Archevêque d'Avignon en 1849.

Tableau de l'église de Burzet représentant Saint Bénézet

La statue du saint en bois de mélèze date du XVIIIème siècle et celle en bois doré de l’église paroissiale de Burzet de 1809, quant à la bannière brodée elle est de 1890.

  


Maison natale de Bénézet
au Villard à Burzet (07)

Rocher de Montandré
à Hermillon (73)  

En revanche Hermillon, contrairement au Villard, ne possède plus la maison présumée natale du saint puisqu'elle fut détruite durant la seconde guerre mondiale, mais on peut encore voir au-dessus de Montandré, le rocher dit de saint Bénézet qui conserve l’empreinte des genoux du saint en prière !



Dans l’église paroissiale d’Hermillon existe une peinture à l’effigie du saint, due au peintre Jean-Baptiste Jomard (1780-1868), et si l’on ne trouve aucune trace historique du culte de saint Bénézet en Ardèche avant le XVII ème siècle il existerait par contre à Hermillon, selon le chanoine Favre une fondation de messe au XVème siècle et des reliques à Montandré en Maurienne selon un inventaire de 1685.
     
     < Voir ci-joint les deux témoignages matériels

     
    En somme si de nos jours Burzet semble emporter la paternité de saint Bénézet sur Hermillon, c’est sans doute plus par la volonté et la ténacité des Burzetins que par une preuve historique irréfutable autre que la tradition. A moins que la vérité soit ailleurs. En effet, le chanoine de Laon indique une origine en Narbonnaise au « Castellum Amillau », toponyme presque identique à celui de la charte Lyonnaise de 1245 « Almillat ». Ce toponyme est très fréquent en Languedoc notamment dans les départements de l’Hérault et du Gard ou il existe un village saint-Bénézet et à trois kilomètres d’Aramon, sur la digue du Rhône, un oratoire à saint Bénézet, détruit par l’inondation de 1872, sans parler du nom de famille Bénézet (ou Benazet et Benezech) très répandu en Occitanie.

    Le 13 septembre 1177, alors qu’il était âgé de 12 ans, eut lieu une éclipse totale de soleil, Bénézet était aux champs, Jésus-Christ lui parla dans l’obscurité et lui dit : « Laisse là ton troupeau et va me bâtir un pont sur le Rhône - Seigneur, je ne sais où est le Rhône; je n’ose quitter ma mère et nos brebis et je ne suis point capable de construire un pont - Sois sans crainte, aie confiance en moi : je pourvoirai à tout ».

    Le jeune berger obéit et part, conduit par un ange qui avait pris l’apparence d’un pèlerin. Il vient à Avignon, expose l’objet de sa mission à l’évêque et au viguier. Croyant d’abord avoir à faire à un insensé, ils changent d’avis lorsqu’ils voient le petit Benoît prendre, après avoir prié et fait le signe de la croix, une pierre gigantesque que 30 hommes n’eussent pu soulever, la mettre sur ses épaules et la porter au bord du Rhône. Tout le monde crie au miracle, le viguier est le premier à reconnaître le prodige, et veut contribuer à une oeuvre divine, d’autant plus que l’événement fut suivi d’un grand nombre de miracles rendant la vue aux aveugles, l’ouïe aux sourds et la marche aux paralytiques.

    A cette époque, il ne fallait pas moins qu’une intervention divine pour faire ce que ni les Romains, ni Charlemagne n’avaient osé tenter sur un fleuve aussi large et rapide. Le pont de Jésus-Christ entreprit par Bénézet avait dix-huit cent quarante pas de longueur et cinq de largeur ; il comprenait dix huit arches. A sa mort le saint laissait derrière lui « la corporation des frères pontifes d’Avignon, qu’il avait fondée, pour achever, conserver, réparer le pont et loger les voyageurs indigents ».


Carte postale ancienne de l'autre face de la pile

Carte postale ancienne avec la pile portant les chapelles,
en bas la chapelle St Bénézet et au dessus la chapelle St Nicolas

   
    Comme toute légende, celle de saint Bénézet, a un fond de vérité. Qui était donc ce saint ? Bénézet n’était ni maçon, ni tailleur de pierre, ni architecte, sa mission, avec l’aide des « Frères » qu’il avait groupés autour de lui sous le nom de « ordre des frères pontifes » était de diriger l’oeuvre du pont et de quêter pour elle. A cette fin, les « Frères du Pont » se rendaient de paroisse en paroisse pour recueillir des fonds. A la messe du dimanche, l’un des frères montait en chaire et lisait la pieuse légende de saint Bénézet, écrite pour édifier et toucher les fidèles après quoi on tendait la corbeille pour recueillir les offrandes. L’ordre des frères pontifes, devait trouver beaucoup d’argent non seulement pour entretenir le pont mais aussi pour subvenir aux besoins de l’hospice qui se trouvait à proximité. D’ailleurs si l’on en croit la tradition ce serait Bénézet luit-même qui aurait acheté en 1181 à Galburge et Raymond Malvicini, son fils, une maison avec jardin pour loger les voyageurs indigents car Avignon était l’une des voies empruntées par les nombreux pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle venant d’Italie, pour traverser le Rhône. Ce qui explique l’afflux de pèlerins dans la chapelle qu’il avait fait bâtir sur la deuxième pile du pont et dans laquelle il fut enseveli selon son souhait. Il était alors de coutume de se recueillir dans les chapelles au passage du pont, afin de se mettre sous la protection du saint.


Chapelle St Bénézet sur le pont


Gisant de St Bénézet dans la collégiale Saint Didier à Avignon

Niche St Bénézet à Avignon

   
    La chapelle Saint-Bénézet qui était achevée en 1184 a connu par la suite des modifications. En effet, au XIII ème siècle, une deuxième chapelle est construite, à la chapelle basse d’origine qui est romane, se superpose une chapelle gothique dédiée à saint Nicolas, protecteur de la confrérie des nautoniers. Quant aux reliques du saint elles sont aujourd’hui dispersées dans divers édifices d’Avignon. En 1674, la sépulture de saint Bénézet a été déplacée en l’église des Célestins car le pont menaçait ruine.

A la Révolution la chapelle saint Bénézet des Célestins, qui avait été aménagée en 1690 par l’architecte Jean Péru, est dévastée et le mobilier transféré à l’église Saint-Didier et à la métropole Notre-Dame-des-Doms.

    De nos jours, des milliers de touristes viennent visiter ce qui est devenu un monument historique dont ne subsiste que les quatre premières arches, côté Avignon et la double chapelle dédiée à saint Bénézet, devenu officiellement un des protecteurs de la ville et à saint Nicolas, protecteur des mariniers, sans toutefois oublier la chanson, transformée en comptine pour endormir les enfants.


                                                                                                                                            Dominique FABRIÉ


Bibliographie succincte concernant saint Bénézet

Guérin (Paul), Les petits Bollandistes, Paris, 1878, t. IV, p. 394-402.
Chabannes (Jacques), Tous les saints du calendrier, Perrin, Paris, 1970, p. 365-366.
Girard (Joseph), Evocation du Vieil Avignon, éd. de Minuit, Paris, 1958, p; 349-354.
Laurent (Jean), Saint Bénézet : « Le pâtre Burzetin », Aubenas, 1996.
Saint Bénézet, Dossier publié à l’occasion de l’exposition tenue au Musée du Petit-Palais de novembre 1984 à février 1985, dans Mémoires de l’Académie de Vaucluse, 7ème série, t. V, année 1984, p. 93 - 210.
Pasqualini (Elise), Nos oratoires de Savoie, 2005, t. 2, p. 82.


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